Le Conseil d’Administration de L’Heureux Cyclage, accompagné des salariés, s’est réuni le dernier week-end de janvier à Toulouse ! Ce déplacement a été mis à profit pour rendre visite à quelques ateliers du Sud de la France afin d’échanger sur leur pratique en matière de réemploi et constater leur dynamisme.

Voici donc quelques Brèves de voyage en commençant par Toulouse (Vélorution, la Maison du vélo et l’Atelier du Zinc) et en passant par Millau (EVE), Montpellier (le Vieux Biclou) ; Avignon (Roulons à vélo) ; Valence (REVV) et Romans sur Isère (Kazacycle).

Le réemploi des cycles bouillonne dans la marmite toulousaine

Visiblement, les vélorutionnaires font des petits. Atelier historique, le Labo de la Vélorution (2002) n’est désormais plus seul à récupérer les cycles usagés. Ressemblant à une véritable recyclerie spécialisée, il sert d’appui à la création de nouveaux ateliers

et anime chaque semaine, sur les marchés de la ville, des "garages volants" pour agir au plus près des besoins des cyclistes. Atelier estudiantin à Rangueil (2004), petit atelier de la Maison du vélo (2010), ateliers installés dans des squats ou dédiés à des publics spécifiques (les enfants du Mirail par exemple) : l’autoréparation est éclatée mais pleine d’énergie ! Et même si les partenariats ne sont pas toujours simples, la ville est assez grande pour accueillir toutes les initiatives : partant de l’idée (prouvée !) qu’un atelier agit principalement dans un rayon de 2km, il y a encore de la place pour de futur-e-s mécanos !

Millau : Fer de lance des conventions de récup’ en déchetteries

Pays historique des mouvements paysans de protestation contre la "malbouffe", l’Aveyron sera peut être demain un exemple d’économie circulaire dans le domaine du cycle. A Millau, l’atelier de recyclage des vélos, porté par l’association EVE, s’est tout naturellement tourné, dès sa création, vers la Communauté de communes Millau Grands Causses afin de détourner les flux de vélos destinés à la benne ferraille de la déchèterie. Aujourd’hui en transition, l’atelier compte mettre l’accent sur sa structuration et demeure bel et bien... l’un des premiers de France à avoir contractualisé un accès à la déchetterie avec la collectivité !

Montpellier : des locaux "chers" à l’atelier

À Montpellier, il y a le tram Christian Lacroix mais aussi... l’atelier vélo du Vieux Biclou. C’est à quelques pas du centre-ville, que l’atelier tient son local comprenant une pièce de stockage, un atelier, un bureau, une cuisine bibliothèque et des sanitaires. Malgré cet apparent confort, l’espace est compté et l’association ne peut accueillir d’autres vélos que les dons des particuliers : ici pas de démarche auprès des déchèteries, on ne peut pas pousser les murs. D’ailleurs, depuis 4 ans, le second atelier "Vieux Biclou Campus" ouvre ses portes 4 fois par semaine à la Fac de sciences. Si l’association fonctionne bien, il a du mérite ! Loué à l’Office Public de l’Habitat de Montpellier, le douillet local du centre-ville coûte quelques 1000€ par mois à l’association. Et malgré cette charge, l’atelier parvient à fonctionner en réunissant plus de 500 adhérents, en salariant 1 personne (bientôt 2 !), et en permettant à presque 400 vélos par an d’espérer une seconde vie !

Les Avignonais embauchent un salarié à l’atelier vélo

Pas toujours simple de trouver l’atelier avignonais ! À quelques 30 minutes à pieds de la gare, l’association Roulons à vélo a trouvé un local spacieux en périphérie du centre-ville intra-muros. En fonctionnement depuis maintenant trois années, l’atelier est confortablement installé dans une impasse où il fait bon bricoler sous les rayons du soleil. Pour l’instant, la récup’ de vélos à remonter est surtout le fruit des dons de particuliers ; mais la perspective de devenir un acteur incontournable de réduction des déchets a manifestement retenue l’attention de la belle équipe de bénévoles rencontrée ! D’ailleurs, depuis le 1er janvier, l’association a embauché un salarié pour s’occuper de l’atelier. Des perspectives prometteuses, que L’Heureux Cyclage ne manquera pas de suivre, et de soutenir.

Valence : des militants qui font le plein d’adhérents

Vous avez déjà entendu parler des fameux tests de la Fub (Fédération des usagers de la bicyclettes) qui malmènent les cadenas censés protéger nos vélos du vol ? Il sont élaborés dans l’atelier valentinois de Roulons en ville à vélo (REVV) ! Née en 1989 d’une mobilisation revendiquant des aménagements cyclables sur des infrastructures dangereuses, l’association de militants pro-vélo n’a jamais cessé de pousser les collectivités dans le sens d’une meilleure prise en compte du cycliste urbain. Pour les membres actifs, l’atelier d’autoréparation est une opportunité : il rend service aux cyclistes, et apporte également un poids supplémentaire aux actions de REVV. Entre la Fub et L’Heureux Cyclage, la complémentarité n’est plus à prouver !

À Romans, on "amorce la pompe"

En Rhône-Alpes, vivent les deux dinosaures des ateliers vélo. Créés simultanément en 1994, uN p’Tit véLo dAnS La Tête (Grenoble) et Le Recycleur (Lyon) ont inspiré d’autres projets. En 2008 à Romans-sur-Isère, des porteurs de projet se rapprochent de l’association A Pinces et à vélo et proposent de monter, comme à Grenoble, un atelier de recyclage et de réparation des vélos. En quelques mois, l’atelier démarre et obtient un local mis à disposition par la ville. Un peu plus tard, c’est "en bonne intelligence" que l’atelier s’accorde avec la Communauté d’agglomération afin de récupérer les vélos en déchèterie : une convention est signée. Aujourd’hui, 5 ans après le lancement du projet, tous les objectifs sont atteints et l’atelier réfléchit désormais à la direction dans laquelle il doit aller. À quelques kilomètres de là, un autre atelier est en train de naître : à Crest, deux mécanos inspirés de l’expérience lyonnaise démarrent tout juste. Le projet est lancé depuis l’automne 2012, et ils recherchent actuellement un local. Bonne chance à ce futur atelier !

Partout en France, les ateliers vélo sont indispensables !

Les ateliers vélo ont besoin des collectivités pour fonctionner... et si l’inverse était également vrai ? Les collectivités ont aussi besoin des ateliers pour remplir leurs missions de développement de l’usage du vélo, de réduction des déchets et de politique de la ville. Sans le soutien des acteurs sociaux sur le terrain, l’action publique n’aurait que peu de répercussion sur la réalité. Alors dès aujourd’hui, changeons de point de vue et "renversons la vapeur" !

Contacter Élodie CHABERT, Coordinatrice de projet sur le réemploi des vélos

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